Accord de Performance Collective (APC) : guide complet pour les élu·e·s CSE

2 Juil, 2025 | Cas pratiques et témoignages, Elu(s) niveau 2, Elu(s) niveau 3, Formation des élus CSE, Rôles et responsabilités des élus, Santé et Sécurité au Travail (SSCT)

Temps de lecture : 3 minutes

« 72 % des entreprises affirment avoir mis en place un APC sans objection salariale… mais presque 0 % ne le regrettent après ! » Cette statistique (Ministère du Travail, 2023) interroge : l’Accord de Performance Collective est-il un pas vers la flexibilité… ou un glissement dangereux pour les salariés ?

Ce guide pratique vous trouverez :

  • Les règles légales (préambule, consultation, limite de champ)

  • Les droits des salarié·e·s (refus, délai, recours, accompagnement)

  • Des conseils concrets pour anticiper, négocier et protéger les intérêts des salarié·e·s

APC pour le CSE

1. Définition juridique stricte

1.1 Objectif et champs d’application

Un APC permet à l’entreprise d’adapter les conditions de travail pour :

  • la durée du travail (quotidien, hebdo, annualisation),

  • la rémunération (fixe, variable),

  • la mobilité professionnelle ou géographique

⚠️ Attention : aucune suppression de poste n’est possible via un APC ; celui-ci ne vise qu’à préserver ou développer l’emploi, pas à permettre des licenciements collectifs.
De plus, l’APC peut être signé sans difficultés économiques (croissance, innovation, adaptation) .

1.2 Respect des minima salariaux

Même en cas de baisse de rémunération, l’APC ne peut pas déroger au SMIC ni aux minima conventionnels. Cette règle garantit un plancher de protection pour les salarié·e·s.

1.3 Obligations formelles de l’accord

L’APC doit impérativement contenir :

  • Un préambule présentant l’objectif (fonctionnement, emploi…)

  • Des clauses sur le suivi (indicateurs, comité de suivi, informations)

  • Des clauses sur la révision (périodes, modalités de dénonciation)

  • Des dispositions relatives aux modalités d’accompagnement des salarié·e·s (ex. formation, compte CPF…)

Ces obligations relèvent des articles du Code du travail : L.2254-2, L.2222-3-3, L.2222-5 et L.2222-6


2. Impact sur le contrat de travail : mise en œuvre et refus

2.1 Substitution automatique

Une fois signé dans l’entreprise, l’APC se substitue automatiquement aux clauses du contrat de travail qui lui sont contraires. Les salarié·e·s disposent d’un mois (à compter de l’information individuelle) pour notifier par écrit leur refus de l’accord.

2.2 Délai et conséquence du refus

  • Délai : 1 mois pour notifier le refus (par LRAR, email daté…).

  • Suite : l’employeur peut engager, dans les 2 mois suivants, une procédure de licenciement pour cause réelle et sérieuse (« motif sui generis »)

  • Garanties : ce licenciement ouvre droit à indemnités de licenciement, préavis, certificat de travail, solde de tout compte… et au versement minimal de 3 000 € sur le compte CPF 

2.3 Accompagnement du salarié licencié

Depuis début 2024, tout salarié licencié doit se voir proposer un accompagnement personnalisé par France Travail (ex‑Pôle emploi). Cette mesure complète les droits au chômage et vise à renforcer le retour à l’emploi.


3. Le rôle incontournable du CSE

3.1 Consultation obligatoire

Avant toute signature d’un APC, la consultation du CSE est impérative, tant sur les impacts collectifs (organisation, risques) que les effets individuels (contrats, conditions).

C’est le moment de demander l’appui d’un expert CSE, obtenir une étude d’impact précise, proposer des amendements, notamment sur les contreparties

3.2 Négocier des contreparties

Même si elles ne sont pas obligatoires, les contreparties renforcent la légitimité de l’APC :

  • Abondement CPF au-delà de 3 000 €

  • Formations ciblées (mobilité, paie, management)

  • Primes exceptionnelles, accompagnement RH

👉 L’enjeu : amener la direction à investir dans les salarié·e·s et non à externaliser le risque.


4. Nos conseils pratiques 

  1. Anticipez : situez le projet, identifiez les périmètres (durée, rémunération, mobilité).

  2. Vérifiez la conformité (préambule, limites, respect du SMIC/minima conventionnels).

  3. Calculez l’impact budgétaire (heure, salaire, avantages).

  4. Négociez sérieusement : CPF, formation, compensation, accompagnement.

  5. Communiquez : réunions CSE, supports clairs, indicateurs de suivi.

  6. Suivez l’application : reportage régulier, tableau de bord, retours des salarié·e·s.

  7. Préparez la suite : anticiper les dénonciations, révisions, fin de l’accord.


💡 Un point à ne pas oublier : l’APC peut être conclu pour une durée déterminée ou indéterminée, selon ce qui est prévu dans l’accord. C’est une souplesse importante à connaître, car elle permet d’adapter les transformations aux besoins réels de l’entreprise, qu’ils soient conjoncturels ou structurels.

Par ailleurs, l’accord peut s’appliquer à l’ensemble des salariés ou seulement à une partie, en fonction du périmètre défini dans la négociation. Cette précision est essentielle, car elle ouvre la porte à des ajustements ciblés, sans forcément bouleverser toute l’organisation.

A retenir en conclusion

L’APC est un levier puissant de transformation d’entreprise. Pour les élu·e·s CSE (trésoriers & secrétaires), il offre une opportunité : défendre les salarié·e·s, sécuriser l’emploi et améliorer le quotidien des élu·e·s.

Avec la bonne formation, vous pouvez :

  • Agir en prévention, plutôt qu’en réaction

  • Protéger les droits et les parcours

  • Valoriser votre rôle, en étant force de proposition crédible

Autres articles

Formation CSE : mieux comprendre les différences entre inter et intra entreprise

Dans le quotidien chargé des élus du CSE, se former reste essentiel pour exercer son mandat de façon éclairée, efficace et conforme à la législation. Encore faut-il choisir le bon format ! Faut-il opter pour une formation "inter" entreprise, à distance, avec des élus...

lire plus

Faut-il être syndiqué quand on est élu CSE ? Une vraie question… et plusieurs bonnes réponses.

Il m’a dit : “Ça fait trois ans qu’on est élus. Trois ans qu’on veut avancer, qu’on parle de formation, d’assistance juridique, d’activités sociales… et à chaque fois, on n’arrive pas à trancher. Les projets se montent, les devis s’accumulent, et au final : rien. On...

lire plus

Comment poser les bonnes questions à la direction quand on est élu du CSE ?

"Ce n’est pas ce que vous dites qui compte. C’est ce que vous osez demander." Pourquoi avons-nous deux oreilles et une seule bouche ? Pour écouter deux fois plus qu’on ne parle. Cette sagesse un peu oubliée est pourtant la clé de votre efficacité en tant qu’élu. Car...

lire plus